J'ai été marqué par l'histoire de mes patients. Pendant la cicatrisation, pour les aider à supporter la douleur au niveau du ventre, je leur bricolais une solution avec des lacets pour maintenir leurs pantalons par l'arrière. Ils prirent alors conscience qu'ils ne voulaient plus de porter de ceinture. Car après avoir libéré leurs corps pendant quelques semaines, ils ne supportaient plus cet accessoire qui comprimait leur taille. Cette expérience m'a amené à une réflexion personnelle sur la mode, je me suis rendue compte que je portais beaucoup de vêtements au détriment de mon bien-être, par habitude ou par convention : jeans trop serrés, talons, pulls qui grattent et autres matières synthétiques qui ne respirent pas.

"C’est pour libérer le corps que la ceinture sans boucle est née."

Après 7 ans la tête dans les nuages à travailler dans le transport aérien, j’ai reposé les pieds sur terre une belle journée d’Avril en organisant une livraison urgente : des t-shirts en retard pour approvisionner la nouvelle collection d’une grande enseigne. Le coût du transport était 4 fois plus élevé que celui des t-shirts !

Je me suis amusé à retracer le cycle de vie du jean que je portais et j’ai réalisé qu'il avait fait 2 fois le tour de la terre avant de parvenir à mes jambes. Il avait déjà beaucoup plus voyagé que moi dans toute ma vie !

Pour moi, ça n'avait pas de sens : du coton cultivé en Ouzbékistan, un fil fabriqué en Turquie et teint en Bulgarie, pour être tissé à Taïwan en toile de jean avant d’être assemblée au Bangladesh, sans même parler du circuit des pesticides et autres colorants. Un cycle peu vertueux que nous avons voulu briser avec notre ceinture.